Vendredi 29 Mars 2024
BAYONNE
Samedi, 03 Septembre 2022
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Soir de gloire : sortie a hombros de Juan Leal et Adrien Salenc...
 
Vendredi soir: Corrida Goyesque bleue. Ruedo magnifiquement décoré sur des motifs taurins de couleur océane et sur un sable de la même teinte. Autour de ¾ d’entrée.
 
6 Toros d’ El Vellosino,  le sixième « Palmerillo’, nº 152, negro chorreado, de 528 kilos, a fait la vuelta al ruedo.
 
Juan Leal: silence après avis et deux oreilles. 
 
Pablo Aguado: salut après avis et silence après avis.
 
Adrien Salenc: deux oreilles et deux oreilles et la queue.
 
Ángel Gómez Escorial et Manolo de los Reyes ont salué aux banderilles.
 
L’orchestre a repris avec brio quelques beaux thèmes de Marcel Azzola.
 
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Pour l’aficion française, ce fut un soir de gloire avec la consécration de deux talents éclatants : Juan Leal et Adrien Salenc. Ce fut sans doute aussi un soir de réconfort pour les organisateurs qui avaient parié sur la présence de Roca Rey qui ne reprendra que ce samedi à Ronda. La présence du Péruvien aurait sans doute assuré un no hay billetes malgré l’incertitude céleste et l’averse qui tomba quelques instants avant le paseo.
 
Cette satisfaction, il faut d’abord la mettre au crédit de l’envoi du Vellosino, harmonieux, charpenté et astifino dans son ensemble. Un lot qui ira de menos à más, les deux premiers manquant de race et trop justes de force, la suite se comportant avec une noblesse joyeuse, jouissive qui permit aux toreros de s’exprimer et à des gradins très attentifs de s’enthousiasmer. La prime ira au quatrième qui avait de la classe et au sixième qui eut le mérite d’effondrer la pièce montée avant de faire un combat qui transmettait beaucoup par son agressivité. Car chez ces quatre derniers, il n’y avait ni fadeur, ni mollesse et s’ils s’offraient aux triomphes, il fallait les consentir. En un mot: ils exigeaient !
 
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Juan Leal ouvrait les débats, mais le premier par sa fadeur et surtout son absence de force ne se prêtait pas au succès. La faena traina sans convaincre et Juan tua en deux fois. Mais sa maturité, son entrega et en définitive son charisme fleurirent face à l’excellent quatrième. Adrien venait de gagner le droit de sortir en triomphe, Juan ne pouvait faire moins. Il prouva donc à tous ceux qui doutent de lui qu’il peut allier à une tauromachie classique et pure des moments plus personnels où la générosité de sa personnalité s’exprime dans des prises de risques émouvantes. Ainsi, il débuta en citant de loin, toréant dans les canons et finit par cercanías prenantes parce que risquées à l’extrême. Cette entrega ne peut laisser indifférent: elle mérite l’estime que lui manifesta un public conquis après une entière escalofriante poussée en deux temps.  
 
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Pablo Aguado, remplaçant de luxe, toucha le mauvais lot. Il fut discret au premier passage malgré trois bonnes séries données avec ce temple qui est sa marque de fabrique. Le toro partit rapidement aux planches et l’affaire tourna court. Il eut vraiment du mal avec le cinquième, âpre il est vrai, mais maniable comme on le vit par moment et s’en vit des pierres pour l’occire. Pablo, icône andalouse, est un torero fragile qui a du mal à s’exporter.
 
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Ce fut le grand soir d’Adrien Salenc qui ne pouvait pas rêver mieux que ce résultat : quatre oreilles et une queue. Il succède ainsi au grand Daniel Luque, le dernier à avoir gagné ce trophée grandiose – ce qui n’est pas rien dans une arène de l’importance de Bayonne. Cette soirée va certainement changer le cours de sa carrière. Il se l’est gagné sur ce sable Atlantique par son esprit de décision, son sens de la responsabilité et l’étonnante solidité de sa technique (jamais de passes accrochées) qui lui donne une assurance de vieux briscard, alors qu’il n’en est qu’à ses débuts. Il profita de la noblesse du premier pour conduire une faena solide où il sut faire briller son adversaire, concluant par des circulaires inversées. Mais c’est au dernier, plus rétif et spectaculaire, qu’il donna sa pleine mesure, citant l’animal de loin en lui donnant son importance et en se situant toujours dans le terrain de l’adversaire, ce qui porte naturellement sur le public. A l’épée, c’est un métronome et ainsi, ses lauriers sont mérités.
 
Pierre Vidal