Samedi 20 Avril 2024
BAYONNE
Dimanche, 04 Septembre 2022
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Le grand soir de Dorian…
 
Samedi 3 septembre, troisième de la féria de l’Atlantique. Corrida de six matadors. Plus de moitié arène.
 
Toros de Pedraza de Yeltes.
 
MORENITO DE ARANDA, saluts après avis.
 
SEBASTIÁN RITTER, salut après avis.
 
DANIEL CRESPO salut.
 
ÁNGEL TÉLLEZ, silence.
 
JOÃO SILVA JUANITO, silence après avis.
 
DORIAN CANTON, deux oreilles. 
 
Salut aux banderilles de Manolo de los Reyes au sixième.
 
Ce fut le grand soir de Dorian Caton qui libéra, dans une conclusion prenante, les enthousiasmes longtemps contraints. Le jeune homme a réussi là où de plus huppés que lui échouèrent et l’excellence de son toreo déjà perceptible à Villeneuve a éclaté aux yeux de tous. La formule de ces si jeunes gens en compétition est à la fois séduisante mais cruelle car les lacunes dans ce type de confrontation n’échappent à personne et on ne peut s’empêcher de comparer : Dorian a dominé la soirée de la tête et des épaules.
 
Le lot de Pedraza, inégal dans sa conformité, était néanmoins sérieux : haut, long et très armés. Au moral, il alla avec vivacité au cheval sans pousser excessivement néanmoins. Par la suite, les Pedraza s’avérèrent difficiles à manier : se réservant, pesant sur les piétons et mesurant leurs charges. Les plus comestibles furent le premier – bien que juste de force - et le sixième - qui ne dura que peu de temps.
 
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Morenito de Aranda n’est plus vraiment un espoir, mais il se comporta avec enthousiasme en partant à puerta gayola pour donner le ton – on l‘espérait en tout cas. Faena classique avec cette élégance qui le caractérise. Une entière, mais le toro tarda à tomber et il faillit au verdugo. Succès d’estime.
 
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De l’envie et de la dignité chez Sebastián Ritter qui tomba sur un Pedraza coriace qui ne se livra qu’avec parcimonie. Le colombien ne céda ni à la panique, ni au découragement, et fut applaudi malgré une mise à mort laborieuse.
 
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De la classe chez Daniel Crespo on le vit, à la muleta sur quelques séries mais ce ne furent que des moments fugaces qui ne font pas un ensemble cohérent. Face à un âpre Pedraza, il parut lui aussi très vert.
 
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Ce n’était pas le jour d’Ángel Téllez qui se colleta avec le plus rugueux des Yeltes. Un toro arrêté qui ne se livra jamais. Téllez précédé d’une réputation flatteuse après quelques naturelles de face n’insista pas et connut quelques difficultés avec l’acier lui aussi.
 
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Juanito a fait le buzz ces dernières semaines, on attendait donc beaucoup de l’espoir lusitanien. Il déçut lui aussi, perdant les papiers dès les prémices de sa faena, peu aidé il est vrai par un adversaire rétif et inquiétant. A l’épée, ce fut une calamité.
 
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Il y avait donc une place pour Dorian, encouragé par un public qui lui montra son affection avant même sa sortie du burladero. Le jeune Béarnais ne se déroba pas, il accueillit son adversaire avec de la classe au capote : douceur et plastique. La lidia fut bien menée avec compétence et autorité. On arriva donc au troisième tiers dans des conditions optimums. On peut parler de faena idoine tant elle correspondait aux qualités du toro, noble mais qui demandait à être consenti sans faiblesse. Le jeune homme très centré construisit un travail mené avec calme et profondeur dans des séries engagées et templées sans jamais se faire toucher l’étoffe. Il eut l’intelligence de ne pas allonger ces travaux quand il vit que les qualités du toro baissaient. Il conclut par une entière en se mouillant les doigts.  Ce fut vraiment son grand soir et, je tiens le pari, il y en aura d’autres…
 
Pierre Vidal - photos : Bruno Lasnier
 
Matin : Le porteur d’espoir…
 
Le novillero est le porteur d’espoir, celui qui fait plaisir à découvrir, celui auquel on croit, celui pour lequel on parie : c’est l’avenir. On a vu aujourd’hui une bonne novillada de Los Maños, bien présentée, agréable de tête, noble, avec certains novillos qui nous ont permis de voir les limites de certains novilleros, ce qui est logique, car il s’agit encore d’apprentis toreros. On ne peut pas juger un novillero comme on le ferait pour un matador. Cependant, on ne peut s’empêcher de dire ce que l’on ressent.
 
Samedi 3 septembre. Novillada matinale.
 
6 novillos de Los Maños, agréables de tête, correctement présentés, très nobles, le cinquième fit un tour de piste. Peu de public dans les arènes.
 
Víctor Hernández : oreille et salut après avis.
 
Yon Lamothe : salut et vuelta.
 
Cristian Parejo : salut et oreille.
 
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Víctor Hernández est un novillero qui avait interpellé à Madrid, blessé par la suite, sa présence à Bayonne n’était pas assurée. Il nous a semblé complètement remis de son accident et a prouvé qu’il a un certain métier. Conseillé par Matías Tejela, il connaît les bases mais très souvent on a l’impression qu’il récite sa leçon et ne s’en est pas encore affranchi. Ce qui ne l’a pas empêché de couper une oreille à son premier, mais quand il a vraiment donné le maximum de lui-même, c’est au quatrième, un excellent novillo qu’il avait toréé avec correction jusqu’au moment où il s’est fait prendre. Là, il a franchi une barrière, il a cherché les distances les plus courtes et son toreo est devenu plus consistant, vrai et sincère. Un garçon à suivre.
 
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La prestation de Yon Lamothe, malgré le soutien du public, a manqué d’entité. Il a privilégié l’enchaînement des passes, mais chacune d’entre elles manquait de poids, n’allait pas jusqu’au bout, il n’y avait pas de « regodeo », se faire plaisir dans chaque geste, le sentir : ce fut un peu répétitif. Yon a une grande qualité : son courage, c’est sans doute elle qui lui fera découvrir sa propre voie. Il fit un tour de piste injustifié au cinquième après un très laid bajonazo. Quant à son novillo, il fut honoré d’un tour de piste.
 
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On avait adoré Cristian Parejo en novillada non piquée, il a un talent inné et du « sentimiento ». Le meilleur quite de la matinale fut le sien mais, alors qu’il y avait un prix à remettre au meilleur quite, il ne le reçut pas. Je garde encore en souvenir sa demi-véronique pleine de suavité, de relâchement. Il s’est plu par moments à son premier, un toro où Cristian se distingua dans de très belles passes de poitrine, mais il manqua à sa faena le sens de la lidia, construire une histoire et nous la raconter. Son sixième fut le plus compliqué du lot, plus fort aussi de présentation et même si sa prestation fut excessivement longue, il se montra très volontaire.
 
Personnellement, l’instant le plus torero, celui qui m’a le plus ému, c’est le tiers de pique avec pour protagoniste Pedro Iturralde. Ce fut magnifique par la manière dont il déplaça le cheval de Bonijol pour trouver le sitio exact, sa rencontre avec le toro était presque picassienne, charnelle, d’une pureté totale, avec de l’engagement, son corps livré à la pique, d’une totale torera. Deux piques sublimes, mesurées à la perfection. Quel spectacle ! Qué torero !
 
Antonio Arévalo - Photos B. Caritey