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PATRICE
Dimanche, 04 Septembre 2022
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“Oportunidades” (2)…
 
... Après l'idée, il convenait d’assurer la mise en pratique.
 
Dans un premier temps, les Lozano convoquèrent tous les maletillas à la plaza de toros de Carabanchel ; la réponse fut massive, prenant de l’ampleur de semaine en semaine au fur et à mesure que la notoriété de "La Oportunidad » grandissait.
 
Dans un second temps, ils contactèrent le journaliste Emilio Romero, directeur du journal du soir «Pueblo», qui s’associa au projet.
 
«Pueblo», qui à l'époque consacrait une part importante de ses éditions à la tauromachie, devint plus que la voix de « La Oportunidad ». Le journal madrilène de la rue Huertas, propriété de « Los Sindicatos Verticales », fut le altavoz et la caisse de résonance qui promut et mit en lumière tout ce qui se passait à Vista Alegre.
 
Ainsi, à la une de «Pueblo», du mercredi 3 juin 1964 on pouvait lire:
 
«“Los maletillas tendrán su oportunidad. La ofrece Luis Miguel Dominguín a través de Pueblo. El próximo sábado, por la noche, seis torerillos se vestirán de luces en Vista Alegre”. »
 
Et :
 
«Muy pocos de los aspirantes a la fama cumplían los requisitos que prescriben las leyes taurinas, y Domingo Dominguín tuvo que ponerse ayer en marcha para arreglar el asunto en el sindicato correspondiente, donde todo fueron facilidades. Los carnets correspondientes estarán a punto en el momento preciso. La edad media de los torerillos es de diecisiete años y ninguno tenía, a la hora de hacer la ficha, domicilio fijo o provisional en Madrid.
 
“Ayer llegamos a creer – explicaba Pueblo – que debajo de cada piedra, detrás de cada árbol, había un maletilla. Hace dos días, Pueblo se puso a la busca de cinco maletillas que protagonizaron una de las noticias de esta página. Luis Miguel Dominguín, a través de nuestro periódico, les había ofrecido una oportunidad en la castiza plaza de Vista Alegre. Los maletillas aparecieron, y con ellos veinte más. A estas horas, mientras escribimos estas líneas, a la puerta de la redacción esperan otros muchos”.
 
Cette médiatisation fit que les Lozano et les Romero attirèrent des milliers d’aficionados et de non aficionados à Vista Alegre.
 
Beaucoup faisaient la queue aux guichets, faisaient marcher la revente, plusieurs milliers d’entre eux se retrouvant dans l'incapacité de trouver des places dans la mesure où toutes étaient vendues.
 
Du mercredi 3 au samedi 6 juin, il se passa encore beaucoup de choses.
 
Par exemple – et «Pueblo» le rapporte dans son édition du 4 juin – on apprit qu’Antonio Bienvenida avait commencé à donner des cours aux maletillas annoncés lors de la première novillada. 
 
"Le capote se tient comme ça, le toro est attendu comme ça... Il faut faire attention à ça...".
 
“La Oportunidad” était en marche, imparable, prête à entrer dans l'histoire. 
 
Le vendredi 5 juin, «Pueblo» poursuivit son bombardement informatif, expliquant “la prueba de los trajes de luces de alquiler que hicieron los seis maletillas"
 
L'un d'entre eux déclara au journal : « Ça vaut la peine de vivre juste pour se regarder dans le miroir et se voir comme ça… ».
 
On pouvait lire aussi dans le «Pueblo» du jour : "Lorsque les clarines de la peur sonneront demain - ajoutait «Pueblo» d'un ton dramatique - les enfants avaleront leur salive. Ce sera alors le moment de vérité. Seuls les meilleurs pourront passer à autre chose. Les autres, même si c'est cruel, resteront au bord du chemin. La Fiesta es así y los seis maletillas que mañana recibirán su oportunidad lo saben muy bien”. »
 
Et le jour de la première novillada arriva.
 
Dans l'après-midi, le journal rapportait que le « réalisateur Orson Welles allait tourner un documentaire sur les maletillas de Vista Alegre".
 
Et il ajoutait: “Dentro de unas horas, seis maletillas, gracias a la operación realizada por Pueblo, harán el paseíllo a los acordes de un pasodoble torero. Por fin llegó para ellos su oportunidad ».
 
Et le soir du 6 juin 1964 alors que “Cerca de 2.000 personas se quedaron el sábado sin poder entrar a la plaza de Vista Alegre para presenciar la primera novillada de los maletillas »
 
Défilèrent au paseo : Fortuna, El Coriano, El Trapense, Fernando Serrano, Alba y José Antonio Pina. 
 
A la fin du spectacle, un groupe de maletillas fit le tour du ruedo portant une pancarte sur laquelle on pouvait lire :
 
Los maletillas saludan al público y agradecen al diario Pueblo y a la empresa de Vista Alegre esta oportunidad”.
 
Clap de fin :
 
« Même s'il était difficile de rivaliser avec Las Ventas – expliquait José Luis Lozano trente ans plus tard –, c'était notre première saison à Vista Alegre et nous avons essayé de lui donner un air différent. Pepe et Domingo Dominguín, et mes frères Pablo et Eduardo, avions décidé de donner une chance aux maletillas, guidés par l'idée que nous avions qu'en Espagne tout le monde voulait être torero jusqu'à preuve du contraire comme un chauffeur de taxi de 50 ans, ou le cireur de chaussures du Cuevas del Drac, sur la Plaza de Santo Domingo.
 
En las novilladas, nuestra idea era poner a un chaval que pudiera ser torero, a un gracioso y a uno que no tuviera ni puñetera idea, con la idea de ofrecer un espectáculo en toda la regla. »
 
Patrice Quiot