Vendredi 26 Avril 2024
Madrid : Puerta Grande pour Manzanares…
Jeudi, 19 Mai 2011

a-manz18aaDeux oreilles avec sortie a hombros pour Manzanares, une pour El Juli...

Au moment du paseo, une question me venait à l’esprit, comment une telle usine à toros comme celle de Cuvillo n’a pas été foutue d’envoyer six de ses produits à Madrid ? Et après tous ceux qui ont été refusés, déjà dimanche dernier plus ceux pour cette corrida, pourquoi avoir accepté deux corridas à Las Ventas sans avoir le « matériel adéquat » ?

On s’est donc retrouvé en fin de compte avec un lot mixte composé de quatre Núñez del Cuvillo et de deux Ortigao Costa (1 et 5). A la limite du sérieux de la part de « los que mandan » pour un tel cartel dans la « Cátedra »…

Une corrida très attendue toutefois, avec un no hay billetes prévisible à la clé. Ce qui l’était moins, ce sont les nuages qui se sont agglutinés, avec à la clé un vent tourbillonnant, ce qui a incité la plupart des aficionados, dont votre serviteur, à se munir d’un « chubasquero » avec connotation « schtroumpfienne », histoire de se prémunir des gouttes. Mais comme ce coin de Madrid est assez surprenant question météo, c’est finalement sous le soleil – provisoire – que s’est ébranlé le paseo. Plus tard, cet infâme bout de plastique nous a rendu service, sans pour autant que l’on puisse évoquer le déluge…

Dans un contexte quelque peu perturbé par ces modifications, et un secteur du public ne s’est pas fait prier de le faire remarquer, les choses ne commencèrent pas très bien avec le premier toro du Juli (silence et oreille), un Ortigao Costa protesté et qui s’est avéré assez rapidement décasté, Julián ne trouvant pas là matière à lancer  correctement les débats, d’autant plus que les rafales n’ont rien arrangé.

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Avec le quatrième, un Cuvillo assez insignifiant, El Juli allait jouer une carte avec laquelle il excelle : inventer un toro. Et à force de s’accrocher et de l’obliger, il est parvenu à ses fins, concluant d’une entière qui libéra suffisamment de mouchoirs pour faire pencher la balance… tout en provoquant la division sur les gradins.

Sébastien Castella (applaudissements et silence) eut à la fois à affronter le vent, un toro  protesté et quelques invectives quelque peu déplacées… Il fit avec en manifestant une belle entrega, mais ne put renverser la vapeur malgré un bel effort qui ne suffit pas à convaincre l’auditoire, du moins sa partie la plus exigeante.

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Avec le cinquième, un Ortigao Costa volumineux mais limité de forces, se produisit un fait qui m’a quelque peu interloqué, son renvoi aux corrales qu’à mon avis rien ne justifiait. Car si chaque fois qu’un toro est faible ou décasté, on le change, alors qu’il n’y  a pas eu de chutes répétées, on n’a pas fini… Bref, après le défilé des cabestros, est sorti un sobrero de Carmen Segovia pas plus solide que le titulaire, avec lequel Sébastien se fit remarquer dès l’entame de sa faena, brindée au public, par deux cambios poursuivis par quelques mouvements de bon goût. Mais hélas, on en resta là, le toro se liquéfiant rapidement sans permettre au Biterrois, malgré sa décision, de gagner la partie.

Après son triomphe de Séville devant le même élevage, Manzanares (saluts depuis la barrière et deux oreilles) était évidemment très attendu. Le burraco qu’il reçut en premier lieu, qui ne sortait pas du meilleur tonneau, ne lui permit guère plus que de forcer un  succès d’estime de la part de ses partisans. Au passage, on notera le salut au second tercio de Juan José Trujillo.

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Avec l’ultime, sous les projecteurs et quelques gouttes, Mannzanares allait sortir le grand jeu, d’abord au capote par véroniques templées, puis après que son picador « Chocolate » soit allé au tapis, au cours d’une faena qui comprit quelques séquences allurées, même si elle ne fut pas vraiment complète en intensité. Sérieusement accroché, mais sans dégâts apparents, autres que sa taleguilla déchirée, Manzanares fit tout ce qu’il put pour donner du rythme à un trasteo inégal, principalement droitier, l’estoconazo final entrant pour beaucoup dans l’obtention du deuxième trophée, celui qui lui ouvrait la grande porte de Las Ventas. S’il y a un torero qui est « en plein dans son truc » actuellement, c’est bien Manzana ! Après, on pourra toujours disserter sur les  mérites comparés des grandes portes de Talavante et de Manzanares, mais c’est un tout autre débat qui aujourd’hui n’a rien enlevé à mon plaisir…