Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Mardi, 20 Septembre 2022
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Doña Angustias, maman de Manolete (2)…
Le 18 août 1942, à San Sebastián, à son premier toro de Saltillo, il recevait une blessure qui allait marquer pour toujours son visage: la corne pénétrait dans la bouche, à la commissure des lèvres, côté gauche des joues (il gardait la cicatrice d’une autre cornada de espejo, à la joue gauche, reçue le 8 septembre 1941 à Murcie). Il est à noter que durant la temporada 1942, Manolete toréait 10 corridas à la Monumental de Barcelona ! En tout, 9 oreilles coupées, 3 rabos et 3 pattes, la majorité des trophées étaient glanés à partir de juillet dont les queues et pattes !  Barcelone représentait beaucoup dans la carrière de Manolete sans doute aussi grâce à la gestion de Pedro Balaña qui voyait en le Cordouan, dès le début, un filon pour de bonnes affaires commerciales. Depuis ses débuts de matador jusqu’à sa mort, la capitale catalane et sa Monumental accueillaient Manolete 70 fois, alors qu’à Madrid il ne faisait le paseillo que 27 fois, à Séville 20 et 15 dans sa ville natale. 
Le 27 septembre, à Madrid, il recevait une grave cornada et interrompait de ce fait sa saison ! (Toreo y arte)
Cette année-là, l’année « de su faena al toro “Maganto”, al que cortó las dos orejas, el rabo y las dos patas en Valencia », triomphant et riche, « Manolete » achète à sa mère un « chalet » rénové, avenue Cervantes. 
Les anciens propriétaires de cet immeuble étaient la famille Cruz Conde qui l'avaient acquis de José Ortega Murilla, journaliste et écrivain du quotidien madrilène « Imparcial », père du célèbre philosophe Ortega y Gasset.
Il fut rénové par l’architecte Carlos Saénz de Santa María, grand ami de Manolete.
C’est là qu’on installa la chapelle ardente, et de là que partit le cortège funèbre du torero le 31 août 1947 qui avant de mourir avait dit : « Que disgusto voy a darle a mi madre. »
Le 8 décembre 1957, jour de l'Immaculée Conception, en accord avec l'Union nationale des associations taurines d'Espagne et en collaboration avec la Diputación de Madrid au Teatro Español de Madrid, Sancho Dávila lui remit la Medalla al Mérito Taurino.
« Este homenaje era todo un simbolo de reconocimiento y admiración sentida hacia las madres de todos los toreros, en razón a su sacrificio y abnegación hacia sus hijos, que como en el caso de doña Angustias tuvo que vivir la muerte Manolete en un acto taurino. »
Aveugle depuis de nombreuses années, Doña Angustias Sánchez vécut jusqu'à l'âge de 99 ans sur l'Avenida de Cervantes avec ses filles et petits-enfants, dont Rafael Soria Molina “Lagartijo”, populairement appelé Rafaelito “Lagartijo”.
Elle meurt le 10 novembre 1980.
Sa dépouille repose en el Panteón de su hijo au cimetière de Nuestra Señora de la Salud de Cordoue.
Lola Flores lui dédia un paso-doble:
« Angustias Sánchez, qué pena, pena,
malhaya el toro que lo mató,
y no poder con tus besos
contener aquella hería
de aquel hijo de tu alma,
sangre de tu corazón...
Angustias Sánchez, qué pena, pena,
qué gran torero se llevó Dios.... »
Datos  
Doña Angustias y Lupe Sino.
Il y avait un sujet tabou entre Doña Angustias et Manolete :
Les anecdotes suivantes en témoignent…  
La relation du torero avec Lupe Sino. La censure moralisante de l'époque considérait très mal certaines photos et la façon de vivre du couple. Tous ces commentaires avaient atteint Doña Angustias, provoquant un malaise entre elle et son fils.
Doña Angustias: « Manolo, j'ai vu les photos. Et je te le dis, mon fils, cette femme n'est pas pour toi. » 
Manolete répond : « Pourquoi ? » 
Elle poursuit : « Avec son passé... On m'a dit que plusieurs toreros étaient passés dans son lit et qu'elle a été mariée. Tu penses que tu es le premier homme de sa vie ? ».
Manolete réplique : « Je sais déjà tout ça, parce qu'elle me l'a dit. Mais elle m'aime. Depuis que nous sommes ensemble, elle m'a été fidèle. Je veux l'épouser et je veux qu'elle soit la mère de mes enfants ». 
Y Doña Angustia de contestar: « Manolo has perdido la cabeza, no sabes lo que dices... Cómo puede ser eso, si esa mujer no puede tener hijos...Tengo información que está operada... y que esta vacía. ¡ Me oyes bien ! ¡ Vacía ! »
Plus tard, Manolete et Lupe se rendent à Acapulco. Ce nouveau voyage suscite de nouveaux commentaires. Toutes les alarmes de la censure retentissent à nouveau et Doña Angustías le vit mal. 
A Cordoue, ville de province, ces « cachucheos » encore plus aigus l’indignent, lui faisant proférer des mots qui ne sont pas de son éducation : "Ce p... de Madrid le rend fou".
Manolete, ayant eu connaissance du commentaire de sa mère retourne à Cordoue et lui parle: « Madre por encima de todo, quiero casarme con ella. Es buena persona y le adoraría conocerte». 
Doña Angustias coupe court à la question en disant : « Si por desgracia decides casarte con ella que sepas que no iré a tu boda ».
Dans la chambre d'hôtel de Madrid où Manolete et sa cuadrilla descendent, Lupe appelle au téléphone.
Guillermo, le valet d’épée, décroche, l'écoute et sans baisser la voix déclare : « Es la serpiente, la vicha ».
Manolete le regarde d'un air tendu et dit à Guillermo: « Laisse-la monter, et profites-en pour lui dire en face ce que tu penses d'elle ».
Guillermo, ne voulant pas être offensé en public devant Lupe, prend sa valise, claque la porte et part pour Cordoue. Lorsque Doña Angustias fut mise au courant de l'affaire, elle a dit à Guillermo : « No sé lo que ha pasado entre vosotros, pero Manolo te necesita a su lado. Así, que ahora mismo te vas a Madrid ».
Mais partant pour l'Amérique, Manolete dit à Guillermo : « Tú te quedas aquí para atender a mi madre. »
Sources : « Cordobapedia ».
Antonia Bronchalo Lopesina (6 mars 1917 à Sayatón (Guadalajara) – 13 décembre 1959 à Madrid, dite Lupe Sino, était une actrice espagnole restée célèbre pour sa liaison amoureuse avec le matador Manolete.
Patrice Quiot