Mardi 16 Avril 2024
PATRICE
Vendredi, 21 Octobre 2022
ig21ph
 
Iguanodon…
 
Depuis le ventre de ma mère.
 
Un toro me poursuit.
 
 
Alors, j’écris.
 
J’écris de toros.
 
 
Sans relâche.
 
Sans réel projet.
 
 
Comme un iguanodon se nourrissant de mots.
 
 
J’écris au vent de la chronique.
 
De l’arrière-goût, de l’annale et de la commémoration.
 
 
J’évoque, je me remémore.
 
J’use les mots du temps, je peinturlure des images rupestres.
 
 
Je m’essaye à des tournures galvaudées, à des compositions obsolètes.
 
A des extravagances de dandy, à un peu de tout.
 
 
J’abuse d’adjectifs de brocante, d’adverbes de vide grenier.
 
Et de culture pas toujours de mise.
 
 
Comme un iguanodon mastiqueur de fougères.
 
 
En croyant dire.
 
En croyant faire.
 
 
Comme un iguanodon rêveur.
 
 
Pour évacuer le bac dégraisseur.
 
De la fosse septique de la nostalgie.
 
 
Comme un iguanodon hépatique.
 
 
Mais l’écriture me renvoie à ces contradictions.
 
Et, sans concession les met en lumière.
 
 
Les roues patinent dans l’usé, le carburateur s’étouffe dans le vieillot.
 
Et le frein de l’anecdote bloque le tout.
 
 
Répétant le Trias, réitérant le Crétacé.
 
Et rabâchant le Jurassique.
 
 
Je n’avance pas et ai l’impression.
 
De reculer.
 
 
Comme un iguanodon palindrome.
 
 
Aujourd’hui.
 
Iguanodon vieillissant.
 
 
J’aimerais me défaire de ces brimborions sans horizon tauromachique.
 
Pour taper dans le dur.
 
 
Me la jouer avec le langage.
 
 
Pour faire autre.
 
Redistribuer la parole des cartes d’un bridge désuet pour un poker d’arsouille. 
 
 
Sans concession pour ce qui est mort.
 
Sans complaisance pour ce qui n’est plus.
 
 
Avec moins d’indulgence pour l’éteint.
 
Et plus de rugosité pour ce qui vit.
 
 
Comme un iguanodon chenapan.
 
 
Ecrire.
 
En lançant des traits.
 
 
Se moquant du moquable.
 
Dénonçant le dénonçable.
 
 
Ecrire.
 
En estoquant.
 
 
Comme un iguanodon militant.
 
 
Le capote comme bannière.
 
La muleta comme drapeau.
 
 
Le cœur.
 
Y los guevos por delante.
 
 
Sachant cependant.
 
Que le toro sera toujours là.
 
 
Pour mettre une cornada «mortal de necesida».
 
A celui qui manquera de respect à son monde.
 
 
Et ce.
 
Quel que soit l’iguanodon…
 
Patrice Quiot