Vendredi 19 Avril 2024
CERRATO
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A la Cour des Bœufs, ganadería des frères Tardieu, rencontre avec le novillero Víctor Cerrato et son apoderado Gérard Ducès…
 
Par un temps printanier, les conditions étaient réunies pour que Victor puisse s’exprimer au mieux. Le matin, Gérard Ducès s’est au préalable adressé aux présents, presse et aficionados, en quelques mots pour préciser les raisons de cette séance, débutée par la tienta de deux vaches. Evidemment, l’idée était de présenter in situ Víctor.
 
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Avec son père comme banderillero et Sofiane sur le cheval, Víctor a pris une première vache de haute noblesse, mais dont les forces hélas n’étaient pas au niveau du reste. Avec la suivante, Víctor a encore exposé de bonnes dispositions et l’on sentait chez lui une réelle volonté de se montrer sous son meilleur jour.
 
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Pour la tarde, deux toros l’attendaient pour des lidias qui le virent plutôt à son avantage lors des trois tercios. Après avoir banderillé les deux fois, quelques mouvements ajustés ont agrémenté ses faenas, notamment avec son second, le meilleur des deux, et après avoir étalé une belle entrega, il tua bien les deux fois, la palme allant à l’entière portée à son second qui le fit rouler illico.
 
Une bonne prestation pour le protégé de Gérard Ducès à qui l’on souhaite bien entendu de convaincre quelques empresas de lui offrir des opportunités de se faire connaitre du public. Ce n’est jamais facile, la concurrence est rude et l’on sait bien que les novilladas ne se bousculent pas, mais bon, la variété des jeunes talents n’est pas en soi une mauvaise chose, non ?
 
GÉRARD DUCÈS
 
« Quand j’apodérais Yannis (El Adoureño), le papa de Víctor, Javier, qui était auparavant matador, faisait partie de sa cuadrilla. Quand il était petit, Víctor accompagnait son père et je l’ai donc connu à cette époque. Puis il a fait des becerradas et quand on était libres, on allait le voir. Ensuite, il a démarré en non piquée, on le suivait et je sentais qu’il voulait frapper à la porte. Ce qui arriva par la suite, mais après la rupture avec Yannis qui n’avait pas été des plus cordiales, je lui ai dit que j’avais depuis un peu de mal à m’occuper de quelqu’un qui faisait partie de son environnement. J’ai été rassuré de ce côté-là et on a donc décidé de partir ensemble. Nous nous sommes de suite très bien entendu, ce qui est la base pour construire des fondations solides. La famille le soutient, notamment son grand-père, très aficionado, qui vient le voir chaque fois qu’il le peut…
 
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En début de saison, j’ai créé son site internet pour le faire mieux connaitre, suivre son actualité, mais surtout, je filme toutes ses sorties, et parfois même les tientas, ce qui permet notamment ensuite de travailler avec la vidéo. Quand on a démarré la saison, on ne savait pas trop encore à quel moment il passerait en piquée. On pensait le faire le 27 juillet, mais il a eu une opportunité le 26 juin. On partait pour toréer une sans picadors, j’arrivais de France le matin et dans la voiture, Javier m’a appelé pour m’informer qu’on allait changer de destination… pour se rendre à Navas de San Juan où il allait faire sa première piquée !
 
Víctor a ensuite enchainé 20 novilladas en Espagne, mais c’était alors trop tard pour envisager de le proposer chez nous. Il est à remarquer qu’il a remporté plusieurs trophées importants dans sa catégorie. Comme on n’a pas pu le faire toréer en France, j’ai organisé ces deux fiestas camperas chez nous, d’abord chez Darré la semaine dernière pour la section Sud-Ouest, et aujourd’hui chez les Tardieu pour le Sud-Est. On l’a fait en ce moment avant que les cartels soient décidés pour la saison suivante. Chez Darré, après deux vaches de l’Astarac le matin, Víctor s’en est bien tiré dans les trois tiers, puisqu’il banderille, face à trois toros du Camino qui avaient passé les cinq ans ! Sinon, il y a déjà eu quelques retombées et j’espère qu’il en sera de même ici.  
 
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Je tiens à faire remarquer qu’il a été le premier cette année au classement des novilleros qui ont débuté en piquée ! Il est huitième, mais d’autant plus avec les années de pandémie, ça fait plusieurs années que certains sont déjà là… Grâce à ça, on espère que les empresas vont penser à lui car il faut évidemment qu’il fasse encore un an en piquée pour s’aguerrir davantage et qu’il découvre des arènes de catégorie supérieure. C’est pourquoi il n’est pas question de vouloir brûler les étapes ! Pour moi, chez Darré, c’était comme un examen de passage. Je pense qu’il l’a réussi, mais il faut encore qu’il mûrisse.  Il est courageux, volontaire, il a une bonne technique, mais il faut encore plus l’affirmer.
 
Je pensais que si tout se passe bien, on pourrait envisager l’alternative en fin de temporada, mais pour son papa, il vaudrait mieux peut-être attendre le début de la saison suivante. En définitive, tout dépendra évidemment du déroulement de sa saison. En outre, j’aimerais aussi qu’il puisse entrer chez nous, y compris dans quelques arènes importantes pour hisser encore son niveau et se faire davantage connaitre… »
 
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VÍCTOR CERRATO
 
« Mon père m’a surtout appris la technique afin que je puisse toréer le maximum de toros dans leur variété, mais c’est moi qui ai développé mes dispositions artistiques. Je n’essaie pas d’imiter tel ou tel torero, mais j’essaie de prendre chez chacun le meilleur et ce qui correspond le plus à mon concept.
 
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C’est vrai que si on regarde les cartels, on s’aperçoit que j’ai pris des novillos de différents encastes, mais quand on est novillero, on n’a pas trop le choix. De toute façon, ça ne me gêne pas et au fond, ce que je dois faire, c’est de m’accoupler du mieux possible. Et bien sûr, selon les encastes, on doit toréer en tenant compte de leur comportement et donc, en adaptant son toreo. 
 
Il est évident que j’aimerais toréer chez vous où pas mal de toreros ont fait leur renommée avant d’être reconnus en Espagne, comme Fandiño ou Luque, et franchement, je pense qu’un triomphe en France vaut davantage qu’en Espagne ! 
 
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Mes meilleurs souvenirs ? Je pense qu’il y a eu trois ou quatre novilladas déterminantes, comme à Trillo, le pueblo de mon grand-père dans la région de Guadalajara, avec des novillos de Ponce impressionnants, mais très bons. Une autre à Los Molinos (Madrid) où j’ai coupé quatre oreilles, gagnant le trophée au meilleur novillero de la feria. Un excellent souvenir, même si mon second adversaire m’a violemment secoué, finissant dans une ambulance. Sinon, il y a eu une novillada de Prieto de la Cal à Calasparra qui malgré ma blessure a tout de même été un bon souvenir…
 
Mes projets pour l’an prochain ? C’est encore difficile à dire, mais j’aimerais bien toréer à Madrid, qui comptera beaucoup dans ma réflexion, aussi en France, bien sûr, et si tout se passe bien, j’aimerais bien prendre l’alternative en fin de temporada ou au début de l’autre. 
 
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En règle générale, je m’entraine à la Casa de Campo de Madrid, au Batán, et en cas d’intempéries, je me replie sur Navalcarnero où se trouve une plaza de toros couverte. Quant à mon appartenance à l’école taurine de La Linea de la Concepción, elle eut paraitre lointaine, mais j’étais en contact avec Miguel Ángel Pacheco pour qui mon père avait toréé et Juan Carlos Landrove, le directeur, ce qui m’a permis entre autres de toréer plusieurs novilladas. Et cette année, j’ai été distingué comme meilleur novillero et triomphateur à Tudela, Cebreros, Roa de Duero, San Estabán, Cortegana et Los Molinos, des titres qui m’incitent à aller encore plus loin. Et plus haut ! »  
 
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C’est tout le mal qu’on lui souhaite… Suerte, Víctor !!!
 
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