Mardi 19 Mars 2024
PATRICE
Dimanche, 27 Novembre 2022
guis27ph
 
Los toros de Guisando…
 
Dans la province d’Ávila, municipio d’El Tiemblo.
 
Au bord de la route.
 
Loin de toute habitation.
 
Dans un enclos couronné d’arbres.
 
 
 
Quatre toros granitiques figés dans leur temps préromain.
 
Des IV et IIIe siècles av JC.
 
Deux mille ans de vent, de pluie et de soleil.
 
Les ont érodés.
 
 
 
Le premier, par sa corpulence et doté d’une énorme tête, s’impose comme le patriarche du groupe. 
 
Sur le flanc droit, une inscription: « Longinus prisco calaet q patri fc »
 
« Longinus a fait pour son père Prisco, de Cala ».
 
 
 
Epigraphe de monument funéraire ?
 
Peut-être.
 
 
 
Sur son flanc gauche, un creux.
 
Séquelle d’un combat, où le mâle granitique se serait mesuré à un autre mâle pour conquérir le pouvoir du groupe ?
 
Peut-être.
 
 
 
Le deuxième, indifférent, tête penchée vers le sol.
 
Semble ne se préoccuper que de sa pitance.
 
 
 
Le troisième, plis du cou presque à la verticale.
 
Regarde dans une attente de défi.
 
 
 
Le quatrième, mufle rentré donnant dimension au poitrail et au fanon, plis du cou en demi-arc.
 
Est prêt à l’attaque.
 
 
 
Les quadrupèdes, alignés, ont leur avant dirigé vers l’ouest.
 
Point cardinal où le soleil se couche.
 
 
 
Et représentant pour les peuples anciens.
 
Le lieu à honorer pour les morts.
 
 
 
Quatre combattants.
 
Dont l’absence de cornes.
 
 
 
N’occulte pas l’expression de puissance.
 
Et dit la bravoure.
 
 
 
 Dans ce lieu était une « Venta Juradera de los Toros de Guisando », une auberge où étaient reçus les serments décisoires.
 
C’est là que dit-on fut signé le « Tratado de los Toros de Guisando ».
 
Dans ce traité du 19 septembre 1468, le roi Henri IV de Castille reconnaît sa sœur Isabelle de Castille - qui, plus tard, deviendra Isabelle la Catholique - comme Princesse des Asturies et héritière du trône de Castille.
 
 
 
Los Toros de Guisando.
 
Lieu de culte, lieu de pouvoir ?
 
Peut-être.
 
 
 
Los Toros de Guisando.
 
Intercesseurs des hommes entre la Terre et le Ciel ?
 
Peut-être.
 
 
 
Los Toros de Guisando
 
Lieu d’une suprématie temporelle et spirituelle prégnante ?
 
Peut-être.
 
 
 
Et un traité.
 
Qui, présage du futur royaume d’Espagne ?
 
Peut-être.
 
 
 
Los Toros de Guisando.
 
Des verrats ?
 
Peut-être.
 
 
 
Los Toros de Guisando.
 
Lieu d'inspiration littéraire pour Cervantès et Lorca ?
 
Peut-être.
 
 
 
Les Toros de Guisando,
 
Un mystère.
 
 
 
Comme.
 
Celui du toro bravo.
 
Datos  
 
C’est sur le territoire municipal d’El Tiemblo, dans la sierra de Gredos, province d'Ávila, à l'ouest de Madrid, que s’alignent les Taureaux de Guisando.
 
Ces quatre blocs de granit constituent un échantillon des verracos, ce grand troupeau d’environ quatre cents bêtes sculptées, disséminés dans la partie centre-ouest de la Péninsule Ibérique, la province d'Ávila en comptant plus de cent.
 
Il s’agit de figures zoomorphes de 2,5 mètres de long, datant des IIIe et IIe siècles av. J.-C. 
 
Ce sont des mâles, placés debout, de face, et dotés de signes sexuels exacerbés.
 
Certains portent des marques sur le train arrière (« dorsuale », signe que l’on appliquait aux animaux pour l’abattoir) et des orifices sur la tête, probablement destinés aux cornes.
 
On ignore leur signification et leur fonction exactes : Déités préromaines, protecteurs du bétail, monuments funéraires, jalons territoriaux ou repères de transhumance…
 
Patrice Quiot