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PATRICE
Vendredi, 30 Décembre 2022
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Galères colombiennes : Andrés, Franklin, José Ignacio y Fabio Andrés Zerrato (2)…
 
Le professeur considère José Ignacio Páez, 13 ans, comme son meilleur espoir. « Il fait preuve d'une incroyable sérénité. D'une grande force intérieure. Il possède ce charisme des grands matadors que l'on ressent dès qu'on les voit. » 
 
José Ignacio vient du barrio Camelia, un quartier dur.
 
Il rêve de rencontrer d'illustres tueurs de taureaux et de tirer sa famille de la misère. Son père est mort quand il avait 5 ans. Sa mère ? Silence. Sa grand-mère l'a élevé, mais elle est morte l'année dernière. Un oncle les a recueillis, lui et sa sœur. Mais la petite est malade. José Ignacio n'a pas peur ; il est intelligent, et, quand les autres chahutent, lui continue à travailler, obstinément. 
 
« Je ne sais pas s'il y a un Rincón parmi eux, dit le professeur, mais, même en Colombie, un torero gagne environ 2 millions de pesos (12 000 francs) par corrida. Cela permet de très bien vivre. » A condition d'être prudent, même hors de l'arène. Le milieu est difficile.
 
Ainsi, les narcos font beaucoup d'élevage. 
 
« Les Ochoa, par exemple, possèdent plus de 1 000 taureaux de plus de 500 kilos, assure Becerra, et pas chers ! » Les parrains sont des mécènes, ils offrent l'équipement complet à de jeunes matadors. Et tentent d'écouler leurs animaux pour une bouchée de pain ; tout leur est bon pour blanchir l'argent sale. 
 
Si la plaza Santamaría peut se permettre d'être vigilante (pour plus de sécurité, elle achète ses taureaux en Espagne), les milliers de villages du pays, qui ne conçoivent pas une fête sans corrida, recherchent des bêtes de qualité au meilleur prix. Comme à La Mesa, une petite ville au climat tropical, tout en bas dans la vallée, à deux heures de route de Bogotá, qui, sous le patronage de l'association locale d'éleveurs, célèbre, tout à la fois, l'été, la Fête-Dieu et les fruits, par trois jours de kermesse et autant de corridas. 
 
Fabio Andrés Zerrato doit y clore les réjouissances, lundi après-midi, en tuant deux novillos. Les musiques, assourdissantes, tentent de se couvrir les unes les autres, obligeant les marchands de chapeaux de paille ou de glaces aux couleurs inquiétantes à hurler pour se faire entendre. 
 
La rue qui mène aux arènes est enfumée par la viande que font griller de petits vendeurs à tous les carrefours, rappelant que, quoi qu'il advienne, le destin des taureaux est scellé. Etonnamment exiguës, faites de planches clouées à la va-vite sur un début de structure en ciment, les arènes de La Mesa n'ont rien de commun avec la majestueuse place de Bogotá. 
 
Pas la moindre infirmerie. Pas même un vestiaire. 
 
Pour y accéder, on enjambe des ordures et l'on évite des cochons en vadrouille. Le sol, couvert d'écorces de riz, est plus mou qu'une plage, de sorte qu'homme et bête risquent sans cesse de trébucher. 
 
Tandis que Fabio Andrés, profitant de l'hospitalité d'un voisin, enfile son costume de lumière d'occasion et prie une dernière fois la Vierge que l'on a posée sur la télé sans même éteindre celle-ci, une foule passablement alcoolisée s'installe. Boîtes de bière et bouteilles d'aguardiente vides volent dans l'arène. 
 
Quelques coups de poing sans conséquences s'échangent dans les gradins. 
 
« Ce qu'ils espèrent voir, c'est la victoire du taureau, commente un spectateur désabusé. Ils se moquent de l'art et ne recherchent que des émotions fortes. » 
 
Le jeune novillero a tué ses deux novillos. Mais pratiquer l'art tauromachique sur un tel sol, c'est danser « Le Lac des cygnes » dans un champ de pommes de terre !
 
Au moment de la seconde mise à mort, à bout de souffle, les yeux creusés par l'effort, Fabio a failli se faire attraper par l'animal. Celui-ci a brusquement relevé la tête puis, aveuglé par la muleta accrochée à ses cornes, il est reparti dans une course folle, sous les cris hystériques de la foule qui croyait, enfin, le drame arrivé. 
 
Par orgueil, par défi, vulnérable, Fabio s'est alors placé face au taureau, terriblement vulnérable. Sans muleta. Sans rien pour guider ou détourner l'animal. Armé de sa seule épée, il a plongé sur le fauve et l'a tué. 
 
Fabio Andrés sait que le chemin est long jusqu'en Espagne. Qu'il lui faudra triompher dans mille redoutables corridas obscures avant d'espérer y arriver un jour. Peut-être. S'il a la grâce. Si les taureaux ne l'abîment pas.
 
« Le danger, l'accident, c'est une chose à laquelle on se prépare mentalement. Cela fait partie de l'entraînement », explique posément, du haut de ses 13 ans, José Ignacio Páez. 
 
D'ailleurs, si tous les garçons rêvent d'être le prochain César Rincón, ils connaissent aussi l'histoire du plus grand matador colombien, dont la statue trône à l'entrée de la plaza Santamaría, le mythique Pepe Cáceres, mort en 1987 au cours d'une corrida de province, dans une petite ville du Boyaca. 
 
Mais rien ne peut arrêter les enfants qui cherchent à tuer la misère. »
 
« L’Express » du 31/08/1995.
 
Datos 
 
« Fabio Andrés Zerrato, hijo del torero Fabio Zerrato, comenzó a la edad de 11 años, a echar el capote, a pisar los terrenos del toro, o del novillo en ese entonces. Hoy, a los 19 años, cuando viste de luces, ha partido varios ruedos, ha matado 120 novilladas, en plazas de provincia y de primera categoría.» 
                   (El Tiempo/ 25/11/1997)
 
« Atractiva programación taurina se prepara en la localidad de Nilo, departamento de Cundinamarca, el domingo 11 de octubre, para recolectar fondos con miras a la construcción de la parroquia del municipio.
                    En virtud a lo anotado, el matador Fabio Andrés Zerrato lidiará un toro que de igual forma servirá para probarse y comenzar una vez más el proyecto que lo lleve a que su nombre se tenga en cuenta para las festividades provinciales del país.
 
                    Fabio Andrés, quien estuvo buscando nuevos horizontes en Estados Unidos, resolvió regresar a la patria y con ilusión lograr la posibilidad de ser tenido en cuenta por las empresas de provincia. »
 
                    (Opinion y toros /9/10/2009)
 
-         Il semblerait qu’aujourd’hui, Fabio Andrés Zerrato  soit « Instructor de danza en Clay studio club Bogotá, Distrito Capital, Colombia »
 
Patrice Quiot