Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Mardi, 03 Janvier 2023
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«Le père Goriot» : Une relecture en zoom sur le mundillo…
 
Au sujet des figuras antiguas :
 
Eugène de Rastignac à Séville, au cimetière San Fernando devant le mausolée de Benlliure, sépulcre de Joselito « El Gallo » : « Il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un cœur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux. »
 
Au sujet des papas de toreros :
 
Maxime de Trailles à Cayetano et Fran Rivera : « Il existe deux sortes d'hommes. Ceux qui combattent leur père et ceux qui cherchent toute leur vie à le remplacer. »
 
Au sujet de l’art :
 
Le père Goriot à Morante de la Puebla : « Il y a du bonheur dans toute espèce de talent. »
 
Au sujet de la philosophie :
 
Vautrin à Aymeric Caron : « Les atomes crochus, expression proverbiale dont chacun se sert, sont de ces faits qui restent dans les langages pour démentir les niaiseries philosophiques dont s'occupent ceux qui aiment à vanner les épluchures des mots primitifs. »
 
Au sujet de l’ambition :
 
Le Marquis d’Ajuda-Pinto en parlant de Simon : « Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel et dit ces mots grandioses : A nous deux maintenant ! »
 
Au sujet des groupies de toreros :
 
Horace Bianchon évoquant Ana Soria : « Les femmes sont toujours vraies, même au milieu de leurs plus grandes faussetés, parce qu'elles cèdent à quelque sentiment naturel. »
 
Au sujet des apoderados :
 
« Prodigues de tout ce qui s'obtient à crédit, ils sont avares de tout ce qui se paye à l'instant même et semblent se venger de ce qu'ils n'ont pas, en dissipant tout ce qu'ils peuvent avoir. »
 
Au sujet du «parné» :
 
Victorine Taillefer à la duchesse d’Albe : « Le secret des grandes fortunes sans cause apparente est un crime oublié, parce qu'il a été proprement fait. »
 
Au sujet du toreo féminin :
 
Rastignac à Léa : « Le bonheur est la poésie des femmes, comme la toilette en est le fard. »
 
Au sujet de l’ennui :
 
Delphine de Nuncingen à un réboussié à Dámaso González : « Il est des situations dans la vie où tout est amertume. »
 
Au sujet du sentimiento :
 
Rafael de Paula à Anastasie de Restaud : « Je suis un grand poète. Mes poésies, je ne les écris pas : elles consistent en actions et en sentiments. »
 
Au sujet de la morale :
 
Jean-Esther Van Gobsek à Pepe Calabuig: « L'honnêteté ne sert à rien. »
 
Au sujet de la relation :
 
Vautrin sur le lien entre "Manolete" et Cámara : « L'Obéissance était ennuyeuse, la Révolte impossible, et la Lutte incertaine. »
 
Au sujet de la religion :
 
Anastasie de Restaud au père Jacques Tessier : « L'amour et l'église veulent de belles nappes sur leurs autels. »
 
Au sujet de la stratégie empresariale :
 
Vautrin à Óscar Chopera : « Il n'y a pas de principes, il n'y a que des événements ; il n'y a pas de lois, il n'y a que des circonstances. »
 
Au sujet de la passe naturelle :
 
Antoinette de Langeais au même réboussié à Dámaso González : « L'insuccès nous accuse toujours la puissance de nos prétentions. »
 
Au sujet des années d’étudiant de Francis Wolff à Paris :
 
« Pendant sa première année de séjour à Paris, le peu de travail que veulent les premiers grades à prendre dans la Faculté l'avait laissé libre de goûter les délices visibles du Paris matériel. Un étudiant n'a pas trop de temps s'il veut connaître le répertoire de chaque théâtre, étudier les issues du labyrinthe parisien, savoir les usages, apprendre la langue et s'habituer aux plaisirs particuliers de la capitale ; fouiller les bons et les mauvais endroits, suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées. Un étudiant se passionne alors pour des niaiseries qui lui paraissent grandioses. »
 
Au sujet des médias :
 
Francis Marmande répondant à une interrogation du père Goriot au sujet d’Hubert Yonnet : « Oui, monsieur, c'était un brave et honnête homme, qui n'a jamais dit une parole plus haut que l'autre, qui ne nuisait à personne et n'a jamais fait de mal. »
 
Au sujet des «convenios» :
 
Vautrin à Pascal Martin devant «Chez Nicolas», rue Poise à Nîmes : « Voilà la vie telle qu'elle est. Ca n'est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant, et il faut se salir les mains si l'on veut fricoter. »
 
Fin de tercio : 
 
« Il est des individus nés mercenaires qui ne font aucun bien à leurs amis ou à leurs proches, parce qu’ils le doivent ; tandis qu’en rendant service à des inconnus, ils en recueillent un gain d’amour-propre : plus le cercle de leurs affections est près d’eux, moins ils aiment : plus il s’étend, plus serviables ils sont. »
 
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Datos 
 
Le Père Goriot est un roman d’Honoré de Balzac (1799/1850), commencé à Saché en 1835, dont la publication commence dans la Revue de Paris et qui paraît en 1842 en librairie. Il fait partie des Scènes de la vie privée de La Comédie humaine. Le Père Goriot établit les bases de ce qui deviendra un véritable édifice : La Comédie humaine, construction littéraire unique en son genre, avec des liens entre les volumes, des passerelles, des références.
 
Le roman s'ouvre en 1819, avec la description sordide et répugnante du quartier du Val-de-Grâce et de la Maison-Vauquer, une pension parisienne située dans la rue Neuve-Sainte-Geneviève et appartenant à la veuve madame Vauquer. Plusieurs résidents s'y côtoient, dont : Eugène de Rastignac, jeune étudiant en droit, ambitieux, à l'esprit sagace et d'origine modeste ; un mystérieux personnage au physique imposant et aux manières un peu rustres et grossières, nommé Vautrin et un ancien vermicellier ayant fait fortune pendant la Révolution, maintenant retraité, complètement désargenté et veuf, surnommé le père Goriot. À l'époque où ce dernier est arrivé à la pension, lorsqu'il était encore riche, la veuve Vauquer nourrissait le désir quelque peu intéressé de se marier avec lui. Mais après une malheureuse affaire dont la veuve Vauquer a injustement rejeté la faute sur M. Goriot, celle-ci s'est mise à développer une certaine aversion pour lui et à entreprendre quelques mesquineries à son égard. C'est elle, en particulier, qui lui a donné le surnom de "Père Goriot“ en remplacement de ”M. Goriot". Les médisances répétées de la veuve Vauquer à son sujet feront de lui le souffre-douleur de la pension. Son caractère taciturne n'arrange pas les choses et laisse le champ libre aux allégations les plus fantaisistes, comme un supposé libertinage ou une prétendue déficience mentale. Logent également dans la pension d'autres personnes, comme mademoiselle Michonneau ou monsieur Poiret. Horace Bianchon fait partie des pensionnaires “externes” abonnés pour le dîner.
 
Le père Goriot éprouve un amour intense et presque maladif à l'égard de ses deux filles, pour lesquelles il a dépensé toute sa fortune dans l'intention de les rendre heureuses. Mais en tant qu'ancien de la Révolution française, la présence du père Goriot, en cette période de Restauration de la monarchie, devenait gênante aux yeux de ses gendres. Ces derniers sont donc parvenus à pousser les filles du père Goriot à le renier. Il est furieux de la manière dont elles sont traitées par leurs maris. Il est enthousiasmé par l'intérêt de Rastignac pour sa fille Delphine et achète même un appartement pour eux deux, afin de les rapprocher, espérant qu'ils s'entichent l'un de l'autre et se mettent en couple, ce qui lui permettra de voir sa fille plus souvent.
 
Quand son autre fille, Anastasie de Restaud, l'informe qu'elle se trouve obligée de vendre la bijouterie familiale de son mari pour payer les dettes de son amant, le père Goriot est accablé de chagrin par sa propre impuissance et subit un accident vasculaire cérébral.
 
Delphine ne vient pas voir son père sur son lit de mort, et Anastasie arrive trop tard. Avant de mourir, dans une crise de désespoir mêlée de lucidité et de rage, Goriot maudit ses filles ingrates tout en les recommandant à Rastignac et en finissant, dans son dernier soupir, par bénir les absentes qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Seuls Rastignac et un domestique de la Maison-Vauquer nommé Christophe assistent aux funérailles. Les filles de Goriot, plutôt qu'être présentes à l'enterrement, envoient leurs voitures vides, chacune arborant les blasons respectifs de leur famille.
 
Après la courte cérémonie, Rastignac se tourne face à Paris, alors que les lumières du soir commencent à apparaître, et dit majestueusement : « À nous deux maintenant ! » ; puis il s'en va dîner chez Delphine.
 
Patrice Quiot