Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Vendredi, 20 Janvier 2023
sv19b
 
Serge, le chercheur d’or…
 
« Il y a les jours où l’on écrit comme on torée de salon et ceux où l’on est près de se tirer une phrase dans la tête ! » (Serge Velay).
 
Ses rivières.
 
Sont la littérature.
 
 
 
Son tamis.
 
Le langage.
 
 
 
Son or.
 
L’écriture.
 
 
 
Serge crible.
 
Le sable des livres.
 
 
 
Comme l’Alexis.
 
De Le Clezio.
 
 
 
Sondait.
 
La terre de l’île Rodrigues.
 
 
 
Serge écrit.
 
En s’interrogeant.
 
 
 
Pour excaver les trésors.
 
De la langue.
 
 
 
Comme en toréant.
 
Morante.
 
 
 
Fait surgir.
 
Ceux du complexe.
 
 
 
Dans cet affouillement.
 
D’ascèses solitaires.
 
 
 
Les deux.
 
Ont en commun.
 
 
 
Le questionnement.
 
Sur l’aléatoire.
 
 
 
Celui de La Puebla.
 
Dans le ruedo.
 
 
 
Celui de Serge.
 
A sa table de travail.
 
 
 
Qu’est-ce que toréer. ?
 
Demande José Antonio. 
 
 
 
Qu’est-ce qu’écrire ?
 
Lui répond Serge 
 
 
 
Qui suis-je ?
 
Demande José Antonio. 
 
 
 
Que dis-je ?
 
Lui répond Serge.
 
 
 
Différents.
 
Dans la forme.
 
 
 
Mais semblables.
 
Sur le fond.
 
 
 
Toreo de recherche.
 
Et écriture de tâtonnement.
 
 
 
La passe.
 
Et la phrase.
 
 
 
Comme des instants.
 
Tremblants de la fièvre de l’attente.
 
 
 
La convulsion.
 
D’un pas vraiment parfait.
 
 
 
Et le spasme.
 
D’un pas tout à fait dit.
 
 
 
La quête
 
De l’au-delà de la naturelle.
 
 
 
La recherche.
 
De l’au-delà du mot.
 
 
 
Dans les allers-retours.
 
D’un toro pas vraiment possédé.
 
 
 
Dans le posé.
 
D’une phrase jamais finie.
 
 
 
Le trouble.
 
Et l’inquiétant.
 
 
 
Dire l’inconnu.
 
En exposant son corps.
 
 
 
Dire la même chose.
 
Dans une autre prise de risque.
 
 
 
Chercher le fond.
 
De la limite.
 
 
 
Pour aller.
 
Plus loin encore.
 
 
 
Creuser l’arène.
 
De la main gauche.
 
 
 
Aléser le texte.
 
De la droite.
 
 
 
Dans les deux cas.
 
Gratter.
 
 
 
Jusqu’à.
 
L’os.
 
 
 
Pour trouver.
 
Dans les veines de la terre.
 
 
 
Dans le geste.
 
Du bras.
 
 
 
Et les rémiges.
 
De la plume.
 
 
 
Le diamant.
 
Du bien toréé.
 
 
 
La pépite.
 
Du bien écrit.
 
 
 
Qui feront.
 
D’un animal une révélation à Marie.
 
 
 
Et d’un texte.
 
Une Pentecôte du sens.
 
 
 
Ainsi vont.
 
L’un et l’autre
 
 
 
José Antonio.
 
Dans le baroque.
 
 
 
Serge.
 
Dans la géométrie.
 
 
 
José Antonio.
 
Comme le Pierre Puget du « Milon de Crotone ».
 
 
 
Dans la grâce.
 
Du plissé.
 
 
 
Serge.
 
Comme le Kasimir Malevich du « Carré blanc sur fond blanc ».
 
 
 
Dans l’épure
 
De l’uni.
 
 
 
Le premier, magicien.
 
Depuis qu’il est torero.
 
 
 
Le second, chercheur d’or.
 
Depuis qu’il est écrivain.
 
Datos 
 
Serge Velay, né à Nîmes en 1948.
 
De formation littéraire et philosophique, Serge Velay fut chargé de mission pour le livre au Conseil général du Gard. Poète, romancier et essayiste, il a publié entre autres La Vallée des voix et Le Gypaète barbu (Jacqueline Chambon), René Char (La Manufacture), Chant premier (Babel), Embrouilles dans la scribouille (Au Diable Vauvert), Lettres de Camprieu, Dehors conquérant, L'intempestif, Progrès en écriture assez lents et Con fuoco (Jacques Brémond)
 
Responsable des Cahiers Jean Carrière aux éditions Domens, il a dirigé l'ouvrage collectif Visas pour le Gard (Au Diable Vauvert).
 
Patrice Quiot